McCabe décrit l’imprégnation (parfois appelée empreinte, en anglais « imprinting » ou « malprinting ») comme le fait qu'un animal suit et établit un lien social avec un objet dès son jeune âge, en raison de son exposition à celui-ci. Dans des conditions naturelles, l'objet est généralement un parent. Parmi les exemples d’imprégnation naturelle, on trouve la migration : les jeunes suivent les adultes et seront capables de reproduire le trajet lors de la migration suivante.
En général, l'imprégnation est davantage décrite chez les oiseaux, tandis que chez les mammifères, on parle parfois d'habituation (ou "taming"), un phénomène qui peut parfois être réversible.
Il s’agit d’un processus d’apprentissage naturel, mais qui pose problème lorsque l’objet n’est pas le parent. Par exemple, lorsqu’un humain s’occupe d’un jeune oiseau, ce processus peut cibler l’humain. Cela complique la réhabilitation, car l’animal imprégné peut approcher excessivement les humains, parfois même les attaquer, et ses chances de survie après relâchement pourraient être réduites. Ces animaux imprégnés s’approchent souvent trop près des habitations, des voitures ou des animaux domestiques qui peuvent les attaquer.
De plus, ils peuvent ne jamais apprendre à se nourrir correctement seuls. Ils sont souvent incapables de se reproduire avec leurs congénères et n'acquièrent pas les automatismes de survie face aux prédateurs : Gaudioso (2011) a mis en évidence que des Perdrix rouge n'ayant pas appris à avoir peur des prédateurs par des "tuteurs" avaient une survie bien plus faible. De même, Slagsvold (2002) a étudié l'adoption interspécifique chez des passereaux et a montré que les juvéniles élevés par des parents d'une autre espèce avaient des difficultés à former des couples avec leurs congénères, ce qui réduisait leur succès reproducteur.
L'euthanasie peut donc s’imposer, car le bien-être de l'animal imprégné est fortement compromis après le relâché. De même, il est déconseillé de relâcher des animaux susceptibles d’attaquer les humains, comme certains cervidés mâles élevés à la main (Sleeman et al., 2007) mais cela est aussi décrit chez les rapaces.
Il est parfois possible de garder ces animaux comme pilotes ou ambassadeurs, ou encore de les placer en captivité à vie, ce qui soulève parfois des dilemmes éthiques.
Malheureusement, il existe peu d'études sur l'imprégnation, ce qui limite la quantification réelle des chances de survie. Cependant, la plupart des personnes travaillant dans les centres de soin rapportent des décès fréquents parmi les animaux imprégnés.
Limiter l'imprgénation en centre de soin s'effectue par la diminution de tous stimulis d'origine humaine. Les publications (BSAVA, 2016 ; Sleeman, 2007 ; Hernandez, 2020) décrivent ainsi :
Si possible, remettre l'animal avec ses parents;
Limiter le plus les contacts avec les humains;
Diminuer les stimulus visuels, en couvrant les cages ou en se camouflant de l'animal lorsqu'on s'en occupe;
Diminuer le plus possible la contention de l'animal, ne pas le caresser ;
Diminuer le bruit, ne pas parler à l'animal, ne pas mettre de musique ou autre proche de l'animal ;
Donner de la nourriture qui se rapproche le plus de celle qu'ils mangeront dans la nature ;
Faire en sorte que la cage/l'enclos/le box soit le plus enrichis possible pour que l'animal puissent y exprimer des comportements naturels (exemple : des perchoirs appropriés, des cachettes, ...);
Mettre en présence d'autres individus de son espèce (dans un même enclos, ou séparés mais visibles).
Dans certains cas, l'imprégnation est un phénomène recherché, avec une certaine limite.
Par exemple, il y a plusieurs organismes qui ont effectués des vols avec les oiseaux pour leur apprendre les routes migratoires dans le but d'augmenter les effectifs d'espèces en danger. Bien sûr, les oiseaux sont élevés avec d'autres individus pour qu'ils puissent garder leur comportements de reproduction. Le but est qu'ils soient capables par la suite d'effectuer le vol seuls.
Cowen S. (2016) Care and hand-rearing of young wild animals, BSAVA Manual of Wildlife Casualties second edition, chapitre 9.
Sleeman, J. M. (2007). Keeping wildlife wild: How to prevent habituation and imprinting in rehabilitated wildlife. The North American Veterinary Conference. Virginia Department of Game and Inland Fisheries.
Diehl, S., & Stokhaug, C. (2013). Release Criteria for Rehabilitated Wild Animals. Wildlife Rehabilitation Bulletin, 30(2), 24–35. https://doi.org/10.53607/wrb.v30.71
Valutis, L., & Marzluff, J. M. (1999). The appropriateness of puppet-rearing birds for reintroduction. Conservation Biology, 13(3), 584–591. https://doi.org/10.1046/j.1523-1739.1999.97443.x
McCabe BJ. Imprinting. Wiley Interdiscip Rev Cogn Sci. 2013 Jul;4(4):375-390. doi: 10.1002/wcs.1231. Epub 2013 Feb 25. PMID: 26304225.
Hernandez SM, Barron HW, Miller EA, Aguilar RF, Yabsley MJ, eds. Medical Management of Wildlife Species: A Guide for Practitioners. Wiley-Blackwell; 2020. doi:10.1002/9781119036586
V.R. Gaudioso et al. (2011). Does early antipredator training increase the suitability of captive red-legged partridges (Alectoris rufa) for releasing?. Poultry Science,Volume 90, Issue 9.
Slagsvold, T., Hansen, B. T., Johannessen, L. E., & Lifjeld, J. T. (2002). Mate Choice and Imprinting in Birds Studied by Cross-Fostering in the Wild. Proceedings: Biological Sciences, 269(1499), 1449–1455. http://www.jstor.org/stable/3068116